Retour a Alice, nouveau job, nouvelle maison

Publié le par Binou


(J'ai vu ça un soir de marché nocturne dans la rue piétonne d'Alice Springs. Le club de canoë du désert! "Arrêtez de ramer les gars, on attaque la falaise!")

Après ces 15 jours de vacances, on retrouve notre berceau, Alice Springs. C'est pas qu'on a vraiment envie de revisiter la ville, mais un projet de traversé du désert en 4x4 nous trotte dans la tête (ça fait partie des trucs que je tiens vraiment à faire pendant mon séjour en Australie!). Pour ce qui est de l'itinéraire et de l'organisation, on a un super bon plan : Aaron, le gars que je vous ai présenté ya 2 ou 3 posts de ça, et avec qui on a travaillé dans le bush, part du côté de Melbourne en prenant le chemin des écoliers (mais des écoliers plutôt courageux) : le désert de Simpson! Et comme il nous a proposé de le suivre, on n'a pas dit non! ;D
Bon ben ya plus qu'à : trouver un boulot (pour les sioux!), acheter un 4x4, vendre la Daewoo et organiser le départ. Le tout avant le 16 Octobre; on est le 13 Août, on a donc 2 mois. Top chrono!!

Si on prend le truc logiquement, avant tout, on a besoin du taf. Dès notre arrivée on pense à notre ancien patron. Il a rien de sérieux, mais en revanche il nous propose de reprendre la caravane pour 50$ par semaine (grosso modo du 100€ par mois à deux)! Cool! On retrouve donc notre chère "maison", et on y restera jusqu'à notre départ. Voilà une bonne chose de faite!
On repart donc serein à la recherche de travail. Et là on se dit, en mecs supers malins : "Et si on utilisait notre formation de bac+5 pour trouver un bon travail qui rapporte, con!...". On va donc de se pas voir une ou deux agences d'emplois : "Bonjour madame, on est ingénieur, et on cherche du travail à Alice Springs. Qu'est que vous avez, s'il vous plait, madame?". Et voilà la réponse magnifique à laquelle on a eu droit et qui remet à sa place : "Houla! vous êtes ingénieurs?! Mais comment voulez vous trouver du travail à Alice Springs avec ça? Vous auriez pas un vrai travail?... je sais pas... mécanicien ou maçon?...".
On ressort de là avec un air vachement moins malin, et on se lance direct sur une autre piste sans demander notre reste.
On retourne donc à la technique déjà testée et approuvée, le porte à porte. Et va pour une randonnée dans la zone industrielle d'Alice, lieu hautement touristique... On essaye tout et n'importe quoi, du plombier au carreleur en passant par différentes casses et menuisiers. Rien...
Et puis après 2 jours de recherches intensives, on tombe sur notre sauveur! Un gars qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, et qui fabrique des meubles. Il a pas de taf pour nous, mais on reste avec lui pendant au moins 30 minutes, temps pour lui de contacter toutes ces connaissances. Et là bingo! Il a un copain qui cherche peut être du monde. Merci! Le bonhomme est plus efficace qu'une agence d'emplois!
Dans la matinée de notre 3ième journée en tant que chercheur, on a 2 appels pour du boulot :) Un dans le déménagement pour dans 2 ou 4 semaines, et le second dans l'isolation de toit, qui commence dans 2 jours! Et voilà deux jours et demi de recherche et 2 boulots à la clé! Alice Springs est vraiment le paradis du boulot (Au final, on travaillera tout du long dans l'isolation, mais heureusement qu'on ne savez pas ça au départ).
On retourne content à la "maison", et on prépare dans la joie nos affaires de boulot. Manches longues et pantalon de rigueur, on va s'attaquer à de la laine de verre!



Je vais vous épargner la description des toits un par un (on en a fait un paquet en 6 ou 7 semaines), mais je vais vous décrire comment ce déroule chaque jour le boulot.

Bon déjà faut savoir que quand on bosse, on sait pourquoi : un toit, 100$ chacun.
Sachant qu'on fait en moyenne dans les 2 toits par jour, on a jamais vu un taf aussi bien payé. Au moins on sait pourquoi on se gratte. C'est comme à la française des jeux, tu gagne au grattage!
Oui, parce que point important, la laine de verre, ça gratte! Rien que le mot déjà, si si je vous vois en train de vous frotter les bras, rien que le mot déclenche des démangeaisons. Et je peux vous jurer qu'après une journée en contact permanent avec ce truc, on ne veut plus bouger, plus marcher, plus rien, mais juste prendre une douche chaude pour se débarrasser de tous les petits bouts de fibres qui se sont incrustés dans chaque pore de notre peau.
...Même si au final la douche n'a pas l'efficacité espérée et malgré avoir tester tous les moyens de savonnage et rinçage possible, le résultat reste le même, ça gratte...
Et après une semaine de laine de verre, et malgré un soin particulier pour éviter la contamination, on se retrouve avec cette cochonnerie incrustée partout dans la voiture, la caravane et, torture suprême, dans le duvet!

Bon assez de complaintes, je vous explique maintenant le taf en lui même.
Le boulot ne demande pas une ressource en cellules grises très importante. Objectif : rentrer dans un toit et y étaler des feuilles de laine de verre sur toute la surface. Pour ça voilà tout le matériel dont on a besoin :



Dans l'ordre d'utilisation : les feuilles de laine de verre, appelées batts en anglais (j'utiliserais ce mot par la suite, c'est quand même plus simple), c'est la matière première. Le costume, c'est à dire un gilet jaune fluo du genre que tout le monde doit avoir dans sa voiture maintenant. Ensuite, l'outil qui n'apparaît pas ici, la visseuse-dévisseuse et le kit de 3 batteries et leur chargeur. Ca c'est pour accéder dans le toit. Pour ça, on passe la plupart du temps par le dessus du toit en enlevant une tôle, vu qu'en Australie 90% des toits sont en tôle (Si c'était des tuiles, on y serait encore...), et ces tôles sont fixées avec des visses, CQFD. Ensuite le marteau et le pied de biche. Ca c'est pour les toles réticentes, parce que ceux qui font les toits se font souvent plaisir et en plus des vis ils ajoutent des clous (si possible dans les coin les moins accessibles), voir quand ils sont en grande forme, ils utilisent que des clous sur toute la surface du toit (et ce genre de toit, je peux vous assurer que ça prend du temps à ouvrir...). L'outil suivant est le cutter, double utilité, il permet de couper la couche de sub isolation placée juste sous la tole, une sorte de gros papier d'alu qui remplie le rôle de première isolation. Il faut savoir que quand cette première isolation est neuve, une fois ouverte et retournée sur le toit, tous les rayons de soleil se refléte parfaitement dessus et notre vision en est considérablement diminuée... Quand le papier alu est vieux, il se décompose en ficelles et pend lamentablement à l'intérieur du toit. pour le coup ça gène pas à l'extérieur, mais ça fait de joli angle mort une fois à l'intérieur du toit ou ça vient vous chatouiller dans le cou (et les chatouilles quand on a de la laine de verre partout c'est juste chiant...). Après ça, on entre dans le toit, et c'est là que rentre en jeu le cutter pour ouvrir les paquets de batts (quand la place dans le toit est suffisante pour les rentrer à l'intérieur, sinon on les ouvre à l'extérieur en priant pour qu'il n'y ai pas trop de vent et qu'on n'est pas à leur courir derrière...), la planche et les râteaux modifiés. C'est deux derniers sont indispensables si on veut s'économiser un peu. Le râteau permet de diminuer le degré de contorsion nécessaire à la disposition des batts dans les coins les moins accessibles (et même avec le râteau certains accès sont tout de même très acrobatiques, voir impossible). Le râteau est aussi très utile pour la confection de "barbes à papa":



Ceci est un spécimen moyen de récolte de toile d'araignée à l'entrée du toit, c'est à dire 1/10ième du toit. Arachnophobes : s'abstenir.

La planche permet de s'asseoir ou de ramper dans les toits. C'est là que rentre la règle dite du chat perché. Je sais pas si vous êtes déjà rentré dans un toit (perso je savais pas comment c'était fichu avant ce boulot), mais on ne peut pas y marcher partout comme on veut. Déjà à cause de la hauteur limitée, et puis deuxièmement parce qu'on peut marcher uniquement sur les plus grosses poutres. Et si le pied glisse (parce que la poutre est couverte de poussière par exemple), on passe directement à l'étage inférieur, 3 mètres en dessous. Les chanceux tombent sur le lit, les moins chanceux la tête la première dans la cuvette, ou sur le proprio qui fait son repassage...
Donc c'est ainsi, dans un toit on est toujours perché, en train de chercher son équilibre en appuis sur 3 membres, le 4ième cherchant un nouvel appuis ou disposant les batts. D'où l'importance de la planche qui se pose à cheval sur deux poutres et permet de poser ses fesses sur quelque chose de plus large que la raie qui les accompagne. Ca rend les manoeuvres beaucoup plus agréables et par le fait rapides.
Ensuite la bouteille d'eau. Rien à voir avec l'installation des batts, ici il est question de la survie du poseur. En gros on consomme 3L par personne par toit (ça fait presque du litre à l'heure). Sur les toits, ya pas d'ombre, et le soleil faisant son boulot, il fait très chaud. Dans les toits, c'est pire! Là on est à l'abris du soleil, mais ya pas d'air, la température y est pour le moins élevée. Dans une bonne journée, vers 2 ou 3 heure de l'aprèm, on est autour des 50 ou 55°C. On cuit à feu doux.
Fatalement, on transpire à grosses gouttes (ce qui permet à tous les pores de notre peau de s'ouvrir au maximum et de laisser la laine de verre s'y déposer sans résistance). Et lorsque la sudation s'arrête, c'est pas dû à la pause qu'on s'accorde pour reprendre son souffle, c'est qu'on a plus d'eau dans le corps!...
L'outil suivant est ce qui nous a permis de préserver nos sinus, le masque à gaz. Si on ajoute à ça la lampe frontale quand on a à faire à des toits très sombres, on a un look d'enfer (à faire peur aux enfants!)



Une fois l'isolation terminée, il faut refermer le tout. C'est là qu'intervient le scotch isolant pour refermer la feuille d'alu. Et puis finalement il faut reenfiler la tole à son emplacement d'origine et revisser le tout avec de nouvelles vis (d'où la caisse en carton). Pour ce qui est du replacement des tôles, l'expérience est importante. Je peux vous dire qu'à la fin on avait des techniques de fou pour enfiler les tôles les plus récalcitrantes (techniques beaucoup plus fines que le bourinage des premières semaines).
Le dernier outil est le pistolet de silicone. A utiliser des vis sur un toit, ça provoque nécessairement de fuites à certains endroits. Le silicone remédie à ça.
Et voilà le toit est isolé. On range l'échelle et tout le reste, et on passe au toit suivant.



Le temps moyen pour faire un toit tourne aux alentours des 3 ou 4 heures. Mais on a pété des records en faisant un toit en 1h, et un autre en 8h... Dernière stat, notre plus belle journée a comptabilisé 7 toits terminés en 12h de taf! (ce jour la, on a gagné en une journée le salaire d'une semaine de ramassage de raisin!).



Maintenant que vous connaissez comment on isole un toit, voilà ensuite la liste non exhaustive des différents toits qu'on peut rencontrer :
Les "dead flat", ou plat-mort, ceux là pas la peine de penser à rentrer dedans. Ca fait 20 cm de haut, et il faut ouvrir au minimum une plaque sur deux (on a fait des toits où on ouvrait 75% des tôles... c'est long... très long...). Ces toits là sont longs mais payés plus. L'un dans l'autre, on s'y retrouve quand même.
Les faux plats. L'intérieur de ces toits a bien une forme triangulaire comme tous ses congénères, mais leur hauteur au sommet du toit ne dépasse pas 60cm. La planche révèle ici tout son intérêt, vu que, à part en rampant, il est impossible d'y bouger...
Les "manhole", ou trappe. Pour une raison ou pour une autre, la maison, le client ou la météo insiste pour que vous passiez par la trappe. Si la trappe est assez large pour rentrer les paquets de batts, ça fait gagner du temps. Sinon, ça en fait perdre...
Les air conditionné. Plus que courant, ces toits sont remplis de grosses gaines d'air conditionné qu'il faut enjamber pour accéder à tout le toit. C'est la première chose qu'on vérifie quand on rentre dans un toit.
Les prèisolés. Dans ces cas, on ouvre le toit et on tombe sur une première couche d'isolant, plus ou moins bien posée, partiellement ou complètement, et avec différents types d'isolants. On a poser la question la première fois, si on devait reisoler, réponse "oui"... OK, bon... Ces toits la peuvent faire gagner du temps ou vous en faire perdre (les batts déjà présentes gênant parfois considérablement).
Les tordus. Les maisons avec des angles de partout et des avancées de toit inutiles ou presque sont des nids à poutre. Plus il y a d'angles et de trucs pas droit, plus ça ajoute des poutres à la charpente et plus c'est dur de bouger à l'intérieur.
Les charpentiers généreux. On sait pas pourquoi, le charpentier a ajouté des poutres en plein milieu du toit pour des raisons inconnues de nous. Généralement ces poutres sont très mal placées et bloquent parfaitement le passage du couvreur et de son sac de batts.
Les pourris et épineux. Dans les vieilles baraques, on s'appuie parfois sur une poutre un peut bancale voir carrément cassée, ou plus couramment (à chaque fois en fait) on s'enfonce des échardes un peu partout dans les mains.
Les trous du c... Ceux là c'est les toits dans lesquels il fait très sombre. Même en laissant un temps d'adaptation de 5 minutes à la rétine, on y voit goutte, comme dans un four. (Le phénomène est généralement lié aux toits "manhole")
Les fours. Généralement c'est les toits non pourvus en sub isolation. Il y fait chaud, très chaud.
Les toits maisons. Les bras levés sur un escabot sans toucher le sommet.
Les toits shadock. Là on sait pas ce qui est passé par le tête du charpentier, mais il devait pas être dans son meilleur jour. Généralement c'est les plus chiants et longs à faire, plus durs que les toits "dead flat". Ces toits sont répartis en différents secteurs pas toujours carrés, avec chacun son thème, un bout plat, un bout suspendu (c'est à dire pas de poutre pour poser ses petons), une partie à niveau variable, comme si ont avait voulu enterré l'air conditionné dans le toit mais sans reboucher le trou, un bout déjà isolé, un autre qui ne l'ai pas... Et généralement il y a un ou deux murs qui remontent jusque dans le toit pour bien bloquer l'accès à la partie suivante. En gros, on ouvre des tôles en série avec à chaque fois une nouvelle surprise à la clé. Une véritable horreur!

Evidemment, des mix peuvent être envisagés du genre, "manhole"-maison-préisolé (là tu pète un record!) ou air conditionné-faux plat-épineux (là tu pleurs...).



Et ensuite il y a les clients. Et ouais ils sont là eux aussi, et il faut en tenir compte.
Il y a ceux qui sont supers sympas et qui vous file à boire et à manger (yen a même un qui nous a proposé du boulot!) le tout avec le sourire. Là c'est que du bonheur.
Et puis il y a tous les autres... Ceux qui font comme si tu étais pas là; les monte-en-l'air qui viennent sur les toits pour voir ce que tu fais ou juste par curiosité pour voir comment c'est fichu à l'intérieur (ça nous est pas arrivé, mais je suppose que si ils tombe c'est de notre faute...), les amoureux des chiens avec un molosse dans le jardin qui n'aime pas le jaune (c'est là où faut pas faire tomber le marteau ou alors faut bien viser!), ou alors ils ont juste un caniche débile qui aboit pendant les 4h où t'es présent...; les conseillers qui vous expliquent comment vous devriez vous y prendre; les blagueurs qui vous demandent de passer par la trappe (donc par l'intérieur de la maison) mais qui quittent les lieux avant votre arrivée, du coup on est devant la maison à attendre (on n'a pas le même humour je peux vous dire...); les originaux qui veulent se faire installer de l'isolation sur les murs ou avoir une isolation avec des feuilles en carton bizarre (...); les économes qui demandent à ce qu'on utilise leurs propres vis pour pas avoir à payer les notre, les exigeants qui demandent à ce qu'on leur change des tôles (ils peuvent toujours se gratter...lol...), les malhonnêtes qui vous accusent d'avoir fait un trou dans leur toit alors qu'il était déjà là bien avant votre arrivée, etc...

Voilà à quoi ressemble le boulot d'isoleur à Alice Springs.
Malgré quelques inconvénients majeurs, c'est chaud, ça gratte, on peut pas bouger comme on veut dans les toits et c'est épuisant à la longue; c'est un travail plutôt intéressant niveau monnaie, où on discute un peu avec les clients et où le patron est pas sans arrêt sur votre dos. Quand on fini un toit, un SMS et on part sur le suivant (quand on ne doit pas attendre 1h parcequ'il nous manque 1 paquet de batts...). Du coup ce fut le boulot parfait pour nous. On a pu s'occuper de la voiture, vu que ça paye bien, et qu'on a assez de liberté pour pouvoir passer de temps en temps au garage pour les réparations ou montages nécessaires et pour pouvoir exposer à la vente notre Daewoo partout dans la ville.

On arrive donc à la seconde étape du projet "traversée du désert", la voiture. Avec la Daewoo, ça passera jamais :) On s'engage donc tête baissée dans un long et périlleux changement de voiture. Premier étape, on doit trouver la bonne occaz. Pour ça, pas de secret, les petites annonces dans les Backpacks et les journaux. Et on trouve assez rapidement quelquechose, mais c'est un peu hasardeux. L'annonce : "Vends deux Toyota Landcruiser 80 series, même modèle, sans régularisation. Une voiture doit être réparée, et la seconde et pour pièces. Les deux voitures roulent." On va jeter un oeil et on tombe sur ça :



Bon comme ça en photo c'est pas encourageant, mais quand on voit le mec démarrer la voiture à coup de pince plate parce qu'il n'y a plus de barillet, ça l'est encore moins!
Malgré ça, on jette un oeil, et la plupart des pièces manquantes sur une voiture sont présentes sur l'autre, et la mécanique semble bien tourner. On demande à Aaron de jeter un coup d'oeil. Verdict : Ya du taf, mais rien d'insurmontable. OK, bon ben on prend! (on l'achète 3500$, soit environ 2000€)
Ce qui a aussi pesé dans la balance, c'est l'expérience d'Aaron qui a déjà fait ça avec une autre voiture, il a aussi pas mal de connaissances dans le domaine, les outils nécessaires et un ami mécano (qui nous file des coup de main en échange de rhum-coca), et surtout, on a le terrain pour faire ça, dans la boite de notre ancien patron. En gros toutes les conditions sont rassemblées pour qu'on puisse retaper la "voiture".
L'étape qui suit tout de suite après, c'est l'affichage à grande échelle dans Alice Springs de l'annonce de vente de la Daewoo. Ouais parce que maintenant on est en possession de deux voitures. J'ai une petite anecdote à propos de ça; la secrétaire de notre ancien boulot nous voit arriver avec le Yoyota et on lui dit : "Et ouais! Maintenant on est les propriétaires de deux voitures!", "Ah bon, vous avez 2 voitures et un Cruiser?!". Comprenant pas bien, on lui répète : "... Heu non... On a la Daewoo et on vient d'acheter le 4x4", "Aah, OK! Vous avez une voiture et un Cruiser!", "Ouais. C'est ça, ouais...". Traduction : On ne mélange pas les chiffons et les torchettes, une voiture et une voiture, et un Cruiser et un Cruiser (Cruiser comme Toyota LandCruiser).
Le petit problème qui se pose à nous pour la vente de la voiture est le suivant, on a besoin d'une voiture pour bosser et la Toyota roule pas... donc en gros faut qu'on vende la Daewoo, une fois le Toyota sur pied, régularisé et près pour le désert, c'est à dire certainement juste avant le départ...

Ensuite vient le gros du boulot, les réparations du Cruiser :

La première étape a été de vider la voiture.
Assez impressionnant, ya de tout, des canettes de bières (VB forcément, LA bière favorite des aborigènes), des fringues (même des vieux calbuttes, beuha...), du vieux matos de cuisine rouillé, des plumes de faisant (qui a du finir de se vider de son sang dans la voiture), des restes de bouffes,... une vraie poubelle quoi! On trouve aussi une machette cachée dans la porte conducteur... et quelques outils, ceux sont les seuls trucs qu'on gardera.



Après ça il faut nettoyer, frotter, astiquer, polisher (horrible!!), karsheriser les sièges, brosse-métalliquer la galerie de toit, retirer les 3 kilos de terre, herbe et spinifex incrustés sous la voiture, passer le radiateur à la flamme et à l'eau pour le dé-encrasser, démonter entièrement l'intérieur et tout frotter à l'éponge.



Après on retrouve une voiture, mouillée, bien sur, mais propre et presque blanche, ça change du orange salle du départ.

(ya toujours des parties pas nickel... mais au moins la, vous voyez la différence!)

Après faut nettoyer de l'intérieur, la tuyauterie, la mécanique quoi. Vidange d'huile, d'eau de radiateur, de fuel, et changement des filtres (fuel, huile, air), changement du liquide de direction et graissage de la transmission.
Et après ça c'est le changement des pièces défectueuses, la réparation de ce qui peut l'être et la fabrication de ce qui n'existe pas.



Attention, c'est long!
Dans le désordre : resserrer le cable de frein à main, réparer la stéréo et refaire les branchements de la radio, redresser le volant (là je vois pas comment ils ont fait pour tordre ça...), changer les jantes (celles qu'on avait n'étaient pas vraiment adapter pour faire du 4x4...), changer les pneus (vu qu'on change les jantes...) et faire l'équilibrage et le parallélisme de l'ensemble (elle tirer sur la gauche un peu beaucoup trop), refixer le marche pied droit, refixer le pot d'échappement (SUPER GALERE!!!! trois heures réparties sur 1 semaine pour dévisser deux vis et les remettre!!), refixer le tableau de bord (pour ceux qui aiment les puzzles...), faire le lit, des boites de rangement, la table (je vous rappelle que la voiture est notre maison, salle à manger, dortoir...), refixer la galerie de toit, fabriquer une patte de la même galerie, la brosser et peindre l'ensemble, trouver ce qui cloche avec le verrou de la ceinture arrière, repasser un coup de peinture sur des parties de la carrosserie, remplacer les essuis glasses, remplacer le pare-brise (avant les essuie-glasses, c'est plus important), remplacer les plastiques des pédales, changer le joint culbuteur (on touche au moteur là...hmmm...), remplacer le feu arrière gauche, remplacer les lumières intérieures, régler les verrous de porte (y'en a qui buggaient un peu), fabriquer un crocher pour le crique et le panier de la roue de secours sous la voiture, fabriquer et installer des supports pour la pelle et la barre à mine sur la galerie (on sait jamais, ça peut servir, même si la barre à mine je vois mal, mais bon c'est bourrin donc c'est bien!), resserrer le maintient de la rotule de la roue avant gauche (on a découvert qu'il nous manqué 2 goujons sur 4 après 1 mois...), faire une antenne, réparer l'allume cigare, refixer toutes les garnitures de porte, réparer l'air conditionné (là pas le choix faut l'amener au garage...), étanchéifier les pneus (là faut que j'explique que les pneus qu'on a sont très bons, mais on les a eu gratuits parce que troués. On les a donc rebouchés à coup de "grosses rustines spéciales", mais des petites fuites persistantes persistées... on a donc fait appelle à un produit magique que tu met dans le pneu et qui bouche tout de l'intérieur! Et ça marche!), faire un saute vent devant la galerie (on consommera moins...), refixer les plaques d'immatriculation, faire changer la courroie de distrib (contre une caisse de rhum coca :D ), changer le haut carter du moteur (quand on c'est aperçue qu'il était fendu on a eu les boules!... heureusement qu'il y avait la voiture pour pièces!), faire une fixation pour la batterie (qui sera par la suite changée, elle est un peu faiblarde), changer la porte avant droite (elle ferme plus...), changer la poignée côté passager, refixer la boite à gant, recabler la lumière avant au plafond, déboucher les lave-vitres, rebrancher le klaxon (on découvre alors qu'il y en a deux...), changer la manche d'arrivée d'air du moteur, faire un double des clefs après avoir changer les bariliers, replacer les manivelles pour les vitres, changer les graisseurs de la transmission, remplacer les joins de sortie de boite, et je crois que j'en oublie...
Et pour finir les vérifs (après tout ce qu'on a changé, on peut s'inquiéter pour le reste) : la boite de vitesses et les fusibles.

Maintenant qu'on connaît "un peu" la voiture, pardon, le Cruiser, on investit aussi dans le minimum vitale niveau outils, histoire de pouvoir au moins faire nos vidanges nous même et réparer des babioles. Et puis maintenant qu'on a de la place dans le voiture, on s'équipe : glacière, une pelle, très utile quand tu es embourbé ou que tu veux faire des chataignes au feu de camp, un mat et un drapeau (utile surtout en plein désert quand tu arrives en haut d'une dune sans rien voir de l'autre côté. A propos, notre drapeau est superbe! surprise au prochain post :D ).

Et après tout ce temps et ces efforts passés à préparer la voiture pour son contrôle technique qui va nous permettre de rouler sur les routes dans notre nouveau carrosse, on se dit c'est terminé! Et ben non! C'est pas terminé!!
Vous pouvez pas le savoir, donc je vais vous l'apprendre, mais là où l'administration dans le Western Australia (état où était immatriculé la Daewoo) a trouvé le moyen de rendre les démarches simples et efficaces pour les proprios de voiture et la régularisation des véhicules, le Northern Territory lui n'a pas à rougir devant l'administration française!
La voiture était prète pour le 03 Septembre (soit 15 jours après son achat). Elle est loin d'être prète pour le départ, mais bonne pour être validée. D'ailleur lors du controle technique obligatoire. On l'a fait controler au garage, c'est OK. Confiant on se pointe donc au bureau de régularisation et là c'est le drame. On demande une régo de 1 an, mais on n'a pas le droit parce qu'on n'a pas encore de visa se prolongeant assez longtemps, il veulent bien nous valider la voiture pour 3 mois..., on veut des plaques perso (ça peut faire un super souvenir!) mais on ne peut pas les garder pour nous (...), et enfin le summum, on n'a pas de justificatif de domicile... Après 2h de bataille acharnée, on obtient plein de formulaires, et pas du tout ce que l'on voulait. On doit maintenant trouver un moyen d'avoir un justificatif de domicile à Alice Springs (ce qui est difficile puisque qu'on a pas officiellement d'adresse..., on doit obtenir notre deuxième visa (et pour cela on doit bosser encore au moins 20 jours), et pour les plaques et ben elles seront déclarées vollées et puis c'est tout!! N'avait cas pas nous gonfler la rate!!
Tous problème ayant sa solution, et voulant au plus vite la voiture pour pouvoir vendre l'autre, on trouve le moyen d'avoir un justificatif de domicile en changeant de banque et en en prennant une à Alice Srpings, et pour la régo d'un an on attendra d'avoir bosser assez de jour, on va pour le moment prendre les 3 mois.
On retourne donc à "la maison qui rend fou" avec tous les papiers demandés 4 jours plus tôt. On fait la queu, et on s'apercoit une fois au comptoir que en plus du passport, ils veulent notre visa, et queue comme c'est un visa éléctronique, ya rien dans le passport! Retour a la caravane, c'était un faux départ, on recommence. On fait la queue (2), et là on nous explique qu'on doit repasser le controle technique (!) celui qu'on a fait n'étant pas valide parceque fait dans un garage exterieur (en gros on aprend qu'on s'est fait enfler...). On se débat un peu et après avoir fait 3 fois la queue pour avoir confirmation qu'on devait bien le passer, on se rend... OK, on paye... On passe donc le controle pour la deuxième fois que forcément on obtient, la voiture est officiellement confirmée valide. C'est bon maintenant?!... Et ben non... ils veulent voir notre permis français... Et Seb a pas le sien... Là on lache une larme, et en grands seigneurs, ils nous accordent la régo, pour 3 mois seulement mais ils nous l'accordent! (si on veut plus faut ramener les papiers manquants...) La traduction de ce fait est que 3 semaines plus tard, et parceque j'ai mon permis français sur moi, je dois aussi changer de banque pour avoir un justificatif de domicile, je postule pour ma deuxième année de Visa (que j'obtient en 3 jours! ça j'aime!), on change le proprio de la voiture (en gros Séb me revend la voiture...), et on change le proprio des plaques et enfin dernière nouveauté, je dois obtenir mon permis de conduire australien! Ouin... Non, mais en fait c'est qu'un contrôle de la vue (et faut que ça tombe sur moi...), je me retrouve devant le tableau à lettres de l'oculiste
"vous voyez le tableau sur lequel il y a des lettres?",
"Oui...",
"C'est bon vous êtes apte!",
"..."

Et voilà, ça y est on a la rego!... mais que pour 6 mois parce qu'ils veulent recontrôler la voiture d'ici la (encore une petite larme là...). Mais bon, 6+2, on est normalement tranquille pour 8 mois. Dernier détail (qui à l'heure actuelle est toujours pas réglé, on est le 10 novembre), nos plaques personnalisées (pour lesquelles on a payé) ne sont pas arrivées avant notre départ d'Alice Springs. On a donné procuration a un ami sur place qui devrai nous les envoyé si l'administration lui demande pas un examen sanguin ou le nom de son chien (il en a pas...)...

Au final la voiture nous aura coûté dans les 7000$ avec toutes les réparations, pièces, montages, régularisation et immatriculation.

On est donc maintenant au volant d'un Toyota LandCruiser 80's Series, diesel (c'est pas que le diesel est moins cher, ici c'est kifkif, mais les moteurs diesel durent 3 fois plus longtemps que les essence), année 1993, poid à vide (ou presque) 2.5 tonnes, ayant une pointe de vitesse maximum de 130 km/h (pied au planché, vitres fermées, la tête dans les épaules), avec deux réservoirs d'essence comptabilisant 130 litres de carburant (ça permet une certaine autonomie, mais t'appelle ton banquier avant de passer à la pompe...), deux roues de secours, un pare-buffle que même les australiens nous envie (c'est vrai qu'avec ça les kangourous ont intérêt à faire de la place sur la route. ça change de la Daewoo!) et une super galerie de toit (vraiment pratique!),



Reste plus qu'à installer notre icône, notre compagnon de route, Mr Bob l'Eponge dans sa nouvelle demeure, et on est près pour prendre la route, la piste et autres terrains défoncés et jamais empruntés.

Pour ce qui est de la vente de la Daewoo, ça ne s'est pas passé comme espéré, les appels ont pas afflués et on a oublié la voiture un soir (un seul soir en 2 mois!) à son lieu d'exposition le long de la route, résultat : tentative de cambriolage, une vitre en miettes et les fils coupés sous le volant (quand tu es réveillé à minuit par la police pour ça et que tu découvre la voiture dans cet état , ça fout les boules...). Sans vouloir la vendre une deuxième fois, cette voiture n'a jamais eu de problème, et je pense vraiment que c'était une bonne voiture. Le seul problème, c'est que c'est une Daewoo. Et personne à de Daewoo en Australie...
Au final, on l'a vendu à 2500$ (soit 500$ de moins que son achat à Perth il y a 8 mois de ça) 4 jours avant de partir. Juste à temps quoi...


Dernière partie de ce post, et parce que il n'y a pas que les toits et les voitures dans la vie (sur la fin je dois avouer que le Toyota et tous ses problèmes commencés à me sortir par les trous de nez...), voilà encore un grand moment dans la ville d'Alice Springs, j'ai nommé, l'Henley On Todd Regata.
Ca se passe à la fin Aout (le 22 cette année pour être précis). Attention, c'est du lourd! Je rappelle, la Todd river est la rivière à sec d'Alice, et une regata et ben c'est une régate... Les organisateurs ne voyant pas pourquoi juste parcequ'il n'y a pas d'eau à Alice on leur interdirait de faire un régate, ils convient des concurrents à travers toute l'Australie à participer à une régate sur sable! Et c'est partie pour une journée complètement loufoque. Je sais pas pourquoi, mais là où en France je trouverai ça plutôt boeuf, ici en Australie, la mayonnaise prend et ça fait une super journée. C'est peut être dû au fait que tout le monde y met du sien.

Ca commence par l'arrivée des équipes dans leur voiture respective, avec chacun son thème, des télétebbies à Shrek et de Dumb and Dumber à Deep Purple. Une petite centaine de voitures qui passent dans les rues de la ville en direction du lit de la rivière en jetant des bonbons par les fenêtres et en arrosant tout le monde à coup de pistolet à eau. Ensuite c'est le défilé des "bateaux" qui participent aux courses, avec chacun son thème MNS en maillot et palmes, pirates etc...





Et après ça on attaque les choses sérieuses, la compétition! A gagner : le droit de participer.
Il y a une petite dizaine de disciplines différentes. Au menu : portée de baignoire (avec une personne dans la baignoire), remplissage de tonneau à la pelle, tir à la corde, course de roue de hamster, aviron à la pelle, ski "nautique" (là ya de la chute en série! Vas faire marcher 4 personnes ayant tous les pieds accrochés aux mêmes skis...), et l'épreuve maîtresse déclinée jusqu'à plus soif, la course de bateau à pieds. Les navires vont de 1 à 12 porteurs.





A voir c'est marrant mais un peu lassant à la longue, par contre à faire, ça prend une autre dimension! C'est là où l'Henley on Todd fait fort, tout le public peut participer à la grande majorité des épreuves. Alors Seb et moi, on part s'inscrire pour 3 épreuves, la course de roue de hamster, la course d'aviron en duo (où on gagne notre course!) et l'épreuve de canoë kayak.





C'est un peu le boxon mais c'est bien marrant :)

La journée se termine avec l'arrivée dans l'arène des bateaux de bataille navale. Là c'est un engin à moteur qui propulse des gros bateaux en papier et carton, avec à leur bord un équipage de 8 "guerriers" se balancant des bombes à eau et des coups de canon à fumée quand ils passent à proximité les uns des autres. C'est n'importe quoi, mais ça le mérite de faire du bruit!



Et voilà comment faire une régate sans eau et passer une journée à l'heure Australienne!


C'est donc avec une nouvelle voiture et à l'aube de notre départ que je vous quitte. L'aventure continue au prochain post!


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